LETTRE

Récit d’une fin de semaine d’entraide sans précédent

 

On est jeudi soir, je reçois des courriels et des appels de gens qui veulent aider à Aylmer. J’essaie de me renseigner à la ville, je finis par être dirigée à la Croix Rouge.

Vendredi matin, le 3-1-1 m’envoie dans le secteur Gatineau pour être bénévole. Aylmer ne serait pas un secteur qui aurait besoin de bénévoles. Étrange, mais bon je suis contente de pouvoir aider.

Vendredi soir : je décide de faire le tour du quartier pour voir si je peux moi-même trouver des gens en difficulté. J’aide les gens à Wychwood, rue Hemlock. Arrivée chez moi, j’inscris sur ma page facebook que je me propose de dire aux gens où ils pourront aider le lendemain.

Samedi matin : cadran sonne à 7 :00. Go! Je fais le tour du quartier, je vérifie où il y des sacs de sable, quelles adresses semblent en difficulté, les adresses visitées la veille et je lance l’appel général aux bénévoles. Arrivée sur la rue Pilgrim, j’essaie d’aider comme je peux.

Quinze minutes plus tard, 25 personnes arrivent. Une heure passe et on est maintenant  60 personnes, la rue Pilgrim complète est sécurisée. Pendant ce temps, on reçoit des demandes d’aide sur les rues Lake, Forest, Butternut et Saratoga. L’équipe se divise car on est désormais près de 200 personnes à sillonner les rues de Wychwood sous la pluie.

14:00 Arrivée sur la rue Lake et la rue Forest, les gens s’acharnent à empêcher l’eau de monter au rez-de-chaussée, la bataille est déjà perdue pour le vide sanitaire, l’eau est à 20 cm du plancher du rez-de-chaussée.

À l’extérieur, j’ai de l’eau jusqu’aux coudes; armée de mes bottes de pêcheur, je nage presque littéralement pour aller installer des sacs de sable. Quatre pompes sont installées, des gens de tout le voisinage apportent leurs équipements en renfort.

15:00 Mon premier repas de la journée, apporté par des bénévoles qui ont fait des sandwichs pour des centaines de personnes. Merci!

 

Entre temps, l’équipe devient une armée, on ne compte même plus le nombre de bénévoles. Le parc Louis Roy sert de base de relais pour connaitre les nouvelles adresses en difficulté. Parlant de difficultés, chaque 30 minutes on manque de matériel : de sable, de sacs, d’attaches. La ville ne fournit pas à la demande, le secteur Aylmer est en pénurie et l’angoisse est palpable.

18 :00 Je ne sens plus mes pieds tellement j’ai froid et je suis mouillée. C’est la 3e fois de la journée que je change de linge. Allez go, on continue et on remplit des sacs de sable en prévision du lendemain matin.

20:00 : Je fais un dernier tour du quartier avant de rentrer chez moi.

Dimanche matin 6:30.  Le cadran sonne et on y retourne.  Je fais ma tournée. La digue de la maison aidée sur Hemlock vendredi a cédé, j’ai un pincement au cœur pour ces résidents qui ont travaillé si fort.

9:30 Cette fois c’est une véritable armée de bénévoles qui se mobilise à Aylmer. Des citoyens de partout répondent à l’appel. La solidarité est à son comble, l’entraide est touchante. Je suis tellement fière des gens d’Aylmer, fière des gatinois.

Audrey Bureau,
Aylmer