EDITORIAL
Sécurité aérienne
Je suis bien heureux de ne pas travailler dans un domaine où la vie des gens est en jeu. Dans mon métier, si je fais une erreur de jugement, il y aura tout au plus quelques personnes mécontentes pendant quelques heures ou au pire, quelques jours si j’ai vraiment gaffé. C’est autre chose quand il y a des vies dans la balance. Cela peut sans doute donner un sentiment de puissance à certains, mais c’est quelque chose dont j’arrive très bien à me passer.
Pour ma part, j’essaie toujours d’avoir un plan « B ». Dans le cas de la GermanWings, il semble qu’il n’y avait pas de plan « B ». Tellement de choses pourraient mal aller lorsqu’un pilote se retrouve seul aux commandes d’un Airbus. Il pourrait avoir un malaise, un AVC, une crise cardiaque, ou simplement être suicidaire et décider d’entraî-ner tout le monde avec lui. Alors, si en plus il y a une porte blindée que personne ne peut ouvrir sauf la personne qui est à l’intérieur du cockpit, cela s’appelle un désastre en attente de se réaliser. C’est la loi de Murphy à la puissance dix.
Comment les planificateurs du transport aérien ont-ils pu être à ce point négligents. D’autant plus qu’il y avait déjà eu plusieurs signaux. Il y aurait, encore ici, la sacro-sainte recherche de réduire les dépenses pour maximiser les profits que vous ne m’en verriez pas surpris. Quoi qu’il en soit, les dégâts sont faits : 150 morts. Ce n’est pas tant les vies fauchées le plus terrible.
Pour chaque personne décédée, il y a au moins une dizaine de proches, parents et amis qui en auront pour des années à s’en remettre. Ce sont un millier de nouveaux écorchés. Qu’est-ce qu’un millier sur des milliards d’individus? Mais une seule vie brisée n’est-elle pas en soi un drame ? Parfois, je rêve qu’il y ait plus d’imputabilité dans nos organisations publiques et nos entreprises privées.
Contrôle des armes à feu
Le couperet final est tombé. Notre système de justice a décrété que les conservateurs pouvaient faire ce qu’ils veulent avec le registre des armes à feu. Ils rêvent de le détruire depuis si longtemps. En quoi cela leur était-il contraignant de remettre la partie québécoise du registre au gouvernement provincial? Mais voilà, ils étaient déterminés à faire disparaître toutes traces de ces données. Par principe, les conservateurs sont allergiques au contrôle de l’État, dans les domaines qui leur déplaisent en tout cas. Aucun besoin donc de savoir qui se promènent avec des objets dont l’objectif premier est de tuer.
Comme les Américains, ils diront que ce n’est pas les armes qui sont en cause, mais les personnes qui les utilisent.
Justement, n’est-ce pas une raison de plus de savoir qui les accumulent? À ce titre, la disparition du registre n’est certainement pas une bonne nouvelle. Les seuls qui s’en réjouiront sont ceux qui ont des armes. Rien de rassurant.
Réponse à Mme Jobin : Merci, merci ! Vous avez mieux démontré en quelques lignes ce que j’essaie d’exprimer depuis deux ans. Je vous souhaite toutefois de ne jamais être victime, vous ou un proche, d’une maladie dégénérative car vous risquez alors de trouver difficile de réconcilier cet individualisme que vous élevez au rang de vertu et votre besoin de l’État pour vous soigner. Bonne santé !
Marcel Leclerc
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Commentary