LETTER
LETTRE
Santé : un monstre bureaucratique
Le Regroupement québécois des médecins pour la décentralisation du système de santé (RQMDSS), réagit au plan santé du Ministère de la santé et des services sociaux (MSSS) : Où sont les mesures concrètes pour opérer la décentralisation tant attendue?
Après 2 ans de pandémie qui ont démontré toutes les failles d'un réseau fragilisé et difficilement capable de prendre soin de ses malades et de ses professionnels, et qui ont enlisé le Québec dans un bilan catastrophique; nous attendons collectivement beaucoup de cette refondation.
Alors qu'une 6e vague frappe à nos portes et pendant que nous récoltons les malheureux fruits de la réforme de la loi 10, les professionnels de la santé ont déjà quitté le réseau en masse, et ceux qui restent sont toujours aussi épuisés.
Nous suivons avec intérêt les annonces du MSSS depuis la rentrée parlementaire de septembre 2021, entourant les intentions de décentraliser le système de santé, pour un « réseau plus humain et performant »1.
Il est évident que les obstacles à l’efficience ne sont pas seulement tributaires des difficultés d'accès aux données et aux renseignements de santé. Le monstre bureaucratique continuera d'être un monstre indomptable même si il est doté d'une technologie informatique de pointe.
La seule façon de miser sur une « approche innovante en matière de gestion de la main-d'œuvre » et de compter sur une réelle applicabilité des intentions louables exprimées quant à l'autogestion des horaires, la fin du TSO, et la valorisation des professionnels; est de s'appuyer sur une gestion de proximité à échelle humaine, et de réparer cette structure qui a distancié les gestionnaires des travailleurs.
Il sera impossible de rendre pérennes les résultats des mesures de recrutement si nous ne créons pas des milieux d'accueil pour nos professionnels où le sentiment d'appartenance peut fleurir et où leurs voix sont entendues, en allant bien au-delà d’une modernisation des infrastructures et des équipements.
À tous les niveaux, cette belle intention d'agir sur l'accès et la qualité, dépendra à terme de notre capacité à réellement opérer une décentralisation du système de santé.
Si nous voulons protéger nos soins de proximité, déployer les services de santé en première ligne et dans les régions, si nous voulons efficacement effectuer un rattrapage des chirurgies et des soins en oncologie, ce sont sur des équipes gérées efficacement et localement qu'il faut compter.
En somme, si le plan de santé du MSSS est rempli de mesures intéressantes, il manque une clé essentielle sans laquelle des gains substantiels ne pourront être réellement effectués: il manque les détails de cette « vaste décentralisation ».
Le RQMDSS,
Montréal