Réécriture de l’étude d’impact environnemental
Équipe du Journal du Pontiac
Des groupes de citoyens continuent de s’opposer à deux décharges nucléaires le long de la rivière des Outaouais, malgré les études publiées le 12 décembre. Les citoyens affirment que des modifications ne permettront pas de mettre les projets en conformité avec les normes de sécurité internationales.
Les citoyens et les scientifiques nucléaires à la retraite sont contre les plans du consortium, qui prévoit de construire un monticule géant d’un million de tonnes de déchets radioactifs et de recouvrir un réacteur désaffecté de béton le long de la rivière des Outaouais. Les Premières nations, les ONG, les ministères fédéraux, le gouvernement du Québec et plus de 140 municipalités ont également protesté contre le plan fédéral.
« Les déchets radioactifs doivent être maintenus hors de contact avec la biosphère tant qu’ils sont radioactifs », a déclaré Ole Hendrickson, un scientifique de Concerned Citizens of Renfrew County. Il a ajouté que « le monticule et le tombeau sont de mauvaises stratégies. Ils ne peuvent pas empêcher les toxines radioactives d’entrer dans l’air et dans l’eau. Les deux installations rejetteraient des métaux lourds et des composés toxiques pendant et après la construction ». Sans parler des inondations, des secousses sismiques et des tornades.
Des Canadiens demandent au gouvernement fédéral d’annuler les deux décharges et de soutenir les sites de stockage de classe mondiale pour gérer l’héritage radioactif du Canada, dont le coût de traitement oscille entre 8 et 10 milliards de dollars. Ottawa admet ne pas avoir de politique détaillée sur la gestion à long terme des déchets radioactifs.
« Les déchets radioactifs ne devraient jamais être [stockés] à proximité des grands plans d’eau », a dit Gordon Edwards, président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire. « Ils devraient être surveillés et récupérables afin que les générations futures puissent les gérer. Ils seront radioactifs pendant plus de cent mille ans - pour l’éternité. Cependant, le consortium a choisi les sites en fonction de leur commodité et de leur faible coût, et non de la sécurité publique. »
Les installations proposées ne sont pas conformes aux directives internationales. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) exige que les déchets radioactifs à longue durée de vie soient stockés dans une installation souterraine de moyenne ou de très grande profondeur. L’AIEA ajoute que noyer un réacteur désaffecté dans le béton n’est prévue qu’en cas d’urgence, advenant une fusion.
Les citoyens affirment que les Laboratoires Nucléaires Canadiens (LNC) donnent une idée fausse du volume et de la durée de vie des matériaux de son monticule de cinq à sept étages. Dans son étude d’impact environnemental (EIE) révisée, plus de 30 matières radioactives à stocker sont énumérées. Parmi celles-ci, 25 matières ont une durée de vie très longue, avec une demi-vie de plus de 400 ans; 22 ont une demi-vie de plus de mille ans, 17 ont une demi-vie de plus de 100 000 ans, et 7 ont une demi-vie de plus de un million d’années. Aucune d’entre elles ne correspond à la définition de l’AIEA des déchets à durée de vie courte. Pourtant, selon la plus récente EIE, seuls les déchets de faible activité et qui « contiennent principalement des radionucléides à durée de vie courte » seraient ajoutés au monticule.
« C’est ainsi que LNC induit en erreur le public et les décideurs - en jouant avec des termes tels que “proche de la surface”, “faible niveau” et “durée de vie courte” », explique Johanna Echlin, de la Old Fort William Cottagers’ Association (Québec).
Selon Mme Echlin, des installations fédérales de classe mondiale pour les déchets radioactifs présenteraient de nombreux avantages. « Nous avons l’expertise au Canada pour être un leader mondial dans la gestion de ces déchets radioactifs », a déclaré Mme Echlin. « De nombreux emplois et carrières bien rémunérés pourraient être créés ». Au lieu de cela, les Laboratoires Nucléaires Canadiens, propriété de la Canadian National Energy Alliance – un consortium composé de SNC-Lavalin et de deux entreprises texanes – sont sous contrat fédéral pour réduire « rapidement et à moindre coût » les stocks de déchets radioactifs du Canada s’élevant à 8 milliards de dollars.
Des évaluations environnementales du monticule géant et du tombeau du réacteur sont en cours. Les audiences pour l’octroi des licences pour les projets sont prévues à la fin de 2020.