LETTRE

Souffleuses dans la nuit

 

Mais quel manque de jugement d’un sergent de notre service de police!! Je m’explique.

Le dimanche 19 mars, plusieurs jours après la dernière tempête, une compagnie privée déplace des monticules de neige accumulée dans les stationnements du centre commercial vers un endroit à proximité de ma maison avec des dix-roues et un tracteur-souffleur. Avec un appareil de classe B, j’ai mesuré 89,7 dB au mur extérieur de la maison, soit un niveau de bruit perçu de 30 fois supérieur à la limite que la Ville de Gatineau s’est doté pour la santé publique et la qualité de vie. Ce niveau de bruit est tel qu'il y a danger de dommage à l’audition avec une exposition de plus de 8 heures et la souffleuse y a opéré pendant près de 9 heures.

Inutile de dire que dans la maison c’était pénible. Ça a commencé vers les 15h mais passé 20h, ce qui  a réveiller les enfants. On avait assez enduré. J’appelle au service de police, mentionne le problème. On me répond qu’ils ont le droit jusqu’à 21h et que si ça perdure de rappeler. À 21h30, la neige arrive encore par camion pour être soufflé alors je rappelle, mais là ça change et on me dit qu’ils ont le droit jusqu’à 23h. Je demande des précisions, je suis alors mis en contact avec le sergent Blanchette, celui-ci m’explique que ces déneigeurs dispose d’une exemption au règlement municipal qui leur permet de faire ces opérations  toute la nuit s’il le faut.

Perplexe, je contact alors mon conseiller municipal Mike Duggan qui me répond en quelques minutes seulement, wow! Contrairement à ce que le sergent m’a fait croire, selon Mike Duggan et le lieutenant de police auquel il a parlé, il n’y a pas d’exemptions. Je rappelle donc le sergent et mentionne l'information obtenu par l'élu municipal. La réponse que j'obtiens change une quatrième fois, le sergent Blanchette m’explique que les policiers peuvent décider d’appliquer le règlement ou pas. Il me donne l'exemple de quelqu’un pris en excès de vitesse qui s’en tire sans amande. Je lui réitère alors que deux règlements municipaux sont transgressés, que le niveau de bruit est très largement au dessus de la limite et que deux plaintes ont été faite (un voisin et moi-même). Rien n’y fait, il m’explique que rien de plus ne sera fait et que c’est tout.

Alors, oui, manque de jugement. D’abord parce que ça n’a aucun bon sens de laisser une telle machinerie opérer tard le soir et la nuit à proximité d’une résidence, aussi parce que la transgression du règlement n'était pas marginale, mais plutôt outrancière, aussi parce que l’exemption, finalement, n’existe pas, mais surtout parce que c’est un bafouage des règlements mis en place par nos représentants élus démocratiquement. Même pour le déneigement de nos rues, la Ville n’utilise pas de telles souffleuses. Pour reprendre l’exemple du sergent, que dirait-on d’un policier qui déciderait de laisser une voiture rouler à plusieurs fois la vitesse permise?

Jean-François Parent
Aylmer