LETTRE
Ton ironique perdu?
Le ton ironique de Jean-Paul Perreault semble avoir été perdu sur Daniel Saumure, à juger de sa lettre au Bulletin, dans l’édition du 24 août 2016. Évidemment, M. Perreault appliquait tout simplement la logique du gouvernement fédéral qui pense que les juges de la Cour Suprême peuvent être bilingues sans parler français. M. Perreault invitait donc les Francophones à travers le Canada à manifester leur « bilinguisme » en refusant de parler l’anglais. Un peu d’esprit, quoi. Mais ce qui à vraiment retenu mon attention c’est lorsque M. Saumure a écrit « Ce n’est certainement pas un commis qui me sert en anglais qui va ruiner ma journée », parce que pour moi, si, ça l’est.
M. Saumure semble justifier son ambivalence envers le français du fait qu’il y a « des communautés minoritaires significatives » parmi nous. Pour d’autres francophones de la région, être contraints d’être servis en anglais se tolère parce que le Canada est un « pays bilingue ». Mais oui! c’est un pays bilingue. C’est un pays bilingue parce qu’il y des provinces où la langue anglaise est la langue publique et officielle, et une seule province où le français est la langue publique et officielle. N’essayez pas de décrocher un emploi comme commis dans les provinces anglophones si vous ne parlez pas anglais, ni de s’y faire servir en français. Alors pourquoi, dans le dernier bastion du français en Amérique du Nord les francophones plient-ils l’échine et se laissent-ils imposer l’anglais par des gens arrogants qui ne respectent pas la langue publique du Québec?
L’an prochain c’est le 150e anniversaire de la Confédération du Canada, et le français est reconnu comme caractéristique fondamentale du pays. Or, si le Québec n’est pas français, le Canada n’est pas bilingue! Pourquoi ne défendez-vous pas, francophones, contre l’effritement de votre dernier espace au pays? À ça, M. Saumure nous donne la réponse. Il a évidemment horreur de « la chicane », et reproche à M. Perreault de la chercher. Voilà justement l’attitude qui permet à ceux qui se moquent de notre langue publique de continuer de miner le bilinguisme au Canada, et le français au Québec.
David Ostrosser
59, Riverview
Gatineau, Qc.