LETTRE
Triste raquette
Comme tant d’autres amateurs de tennis, le jeu plus vigoureux d’Eugénie Bouchard m’avait agréablement surpris lors de ses deux premiers matchs de la Coupe Rodgers remportés de belle façon à Montréal. Et puis, il a fallu qu’elle gâte tout à son troisième match, question d’attitude.
Qu’on ne vienne pas me dire qu’elle est encore jeune, qu’elle va apprendre et gna gna gna. Eugénie Bouchard a choisi de jouer dans la cour des grands, qu’elle veille à se comporter comme tel. Autrement, il est encore temps de retourner pleurer dans les jupes de maman. En se mettant à trépigner et à fracasser sa raquette comme elle l’a fait à la troisième manche, elle a révélé un côté adolescente trop prompte à céder à la frustration devant la difficulté et loin d’être à la hauteur d’une championne. Qu’elle revoit la vidéo du match et prenne exemple sur son adversaire, aussi jeune qu’elle, qui n’a jamais baissé les bras. Alors qu’Eugénie, elle, visiblement frustrée, montrait qu’elle ne voulait plus jouer à la baballe et l’affichait honteusement devant les caméras.
Eugénie Bouchard, la joueuse de tennis professionnelle, du moins qui prétend l’être, devra comprendre qu’il ne suffit pas d’être jolie et d’avoir le petit body pour accéder à la gloire. Il faut y mettre du sang et des larmes, de la patience et de l’abnégation, de la maturité et de la sagesse. Sa montée de lait ce jeudi-soir-là était une honte. Je suppose qu’elle s’en excusera après coup. Mais, saura-t-elle en tirer la leçon qui s’impose ? Et non simplement se livrer à un exercice de charme pour journalistes sportifs béats d’admiration…
Si tu sais vaincre dans l’adversité Eugénie Bouchard, sache aussi perdre dans la dignité.
Francois Brisebois
Aylmer / Gatineau