ÉDITORIAL
Un projet politique en un mot?
Élections provinciales le 1er octobre prochain. Je me suis demandé si j’allais en rajouter une couche. Franchement. Nous sommes déjà assez bombardés d’émissions spéciales, de reportages, de sondages ou d’affiches pendant 39 jours. Il y a également d’autres sujets intéressants.
Cette année, la tendance est aux messages courts, voire très courts, puisqu’un mot suffit : « Sérieusement » (Parti Québécois), « Maintenant » (Coalition Avenir Québec – L’équipe François Legault), « Populaires » (Québec Solidaire). Avec « Faire autrement maintenant » (dont le « autrement » en rouge encadré par les deux autres mots en blanc : « faire maintenant »), le NDP Q(uébec) bien qu’ingénieux, se retrouve à choisir comme mot central le même que celui du parti en vue de François Legault. On passage, on notera que les efforts de ce dernier depuis plus de dix ans ont fini par payer, il est sur le point gravir le dernier échelon en politique provinciale, en se hissant comme premier ministre. On peut louer sa ténacité, quant à la récompenser en votant pour lui…
Le Parti libéral est le seul à avoir utilisé une phrase verbale : « pour faciliter la vie des Québécois », formule à la fois affreusement moderne (le gouvernement serait donc un « facilitateur », non pas un leader ou une source d’inspiration?) et tellement plate! Où sont l’ambition, le rêve, la vision à long terme? Les défenseurs de ce parti au pouvoir depuis 15 ans me répondront que ce message traduit une approche pragmatique, au contraire des grands discours idéalistes et déconnectés de la réalité. Ne peut-on avoir une vision de la société à moyen et long terme tout en restant réaliste?
Enfin, le Parti vert fait sa campagne avec : « plus qu’une couleur »; plus qu’un mot et moins qu’une phrase verbale, qui indiquerait une action. Il nous appâte, nous prend au mot, laisse planer le mystère… Je ne peux terminer ce survol sans nommer les autres partis en lice – ils sont le signe d’une démocratie vivante — : Alliance provinciale du Québec, Bloc pot, Changement intégrité pour notre Québec, Citoyens au pouvoir du Québec, Droits des sans droit, Équipe autonomiste, Parti conservateur, Parti culinaire, Parti équitable, Parti libre, Parti marxiste-léniniste, Parti nul, Parti 51, Québec cosmopolitain et Québec en marche.
Impressionnant, non? En effet, il ne pas oublier que nous ne sommes pas condamnés à une lutte à 2 (ou à 3) pour le reste de l’éternité, même si le système électoral (calque du système parlementaire britannique) pousse dans ce sens. Après tout, plutôt que de ne pas voter, ne soyons pas paresseux, examinons un peu les choix qui s’offrent à nous, consultons la « boussole électorale » de Radio-Canada et tentons de nous faire une opinion éclairée!
En tout cas, pour revenir à la mode du slogan en un mot, après toutes les critiques adressées à Donald Trump sur ces gazouillis de 135 mots (trop peu jugent la plupart des gens pour pouvoir exprimer une véritable pensée), je me serais attendu à ce que l’on se gausse un peu plus des slogans de nos partis au Québec. Je ne suis pas contre les concepts, malheureusement, si parler c’est agir, ne pas indiquer plus clairement ce que l’on va faire en politique, constitue quand même un handicap majeur.