ÉDITORIAL
Un sentiment d’injustice
Je lutte depuis des mois contre le cynisme et la pensée délétère que l’on se moque de nous. Et par « on », je veux dire les riches et puissants, nos gouvernants au sens large — pas seulement la classe politique. En effet, nous pourrions faire la liste des mauvaises nouvelles d’un côté, celles que l’on nous assène pour justifier — à juste titre souvent — toutes les mesures sanitaires, sociales, économiques, au nom de la science et de la Raison ; et la liste des « bonnes » nouvelles.
Cependant je ne crois pas avoir encore cédé aux théories du complot, à la paranoïa envers une classe dirigeante assez floue : des personnalités politiques? Les grands patrons d’industrie ? Les intellectuels bourgeois-bohème du Plateau Mont-Royal. Mais, comme on dirait, dans ma France natale, « Faut quand même pas déconner ! ».
Par où commencer ? Tiens, pourquoi ne pas resserrer les règles sanitaires sur les plateaux de télévision ou dans les évènements sportifs si l’on ferme les restaurants, où depuis des lustres les mesures strictes ont été prises ? Peut-être parce que c’est bon pour certaines « business » et que cela divertit le bon peuple ; la formule est éprouvée depuis l’Antiquité : Panem et ludus, du pain et des jeux pour préserver la paix sociale.
Et puis aux Gérald Fillion de ce monde, pour qui le PIB, le taux de croissance et l’indice THX sont l’alpha et l’oméga, je dirais bien : intéressez-vous enfin à la vraie vie et aux vraies personnes, changez de paradigme, sa…… ! Saviez-vous qu’une coalition d’organismes propose d’autres indicateurs pour mesurer l’état de notre société et notre qualité de vie. Ce n’est pas nouveau : un indice mondial du bonheur (IBL) existe bel et bien depuis 1972 ; il est notamment basé sur l’indice de développement humain (IDH) qui, lui, intègre l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’éducation moyen à 17 ans. Il y a encore d’autres critères, d’autres manières…
Cependant, nous n’en savons pas plus sur les écarts de revenus, d’accès à un logement abordable, à un sac d’épicerie équilibré, de vulnérabilité aux changements climatiques! Franchement, qui oserait avancer que la société dans laquelle nous vivons est juste, équitable ? En un seul jour ouvrable, l’un des 100 dirigeants d’entreprise les mieux payés au Canada a gagné l’équivalent d’un salaire moyen ! Alors que l’Humanité s’appauvrit globalement, que nous subissons des restrictions graves selon l’humeur et le programme politique de nos gouvernements, croyez-vous que ces gens-là (et leur entourage), aient des problèmes d’épicerie, de déplacement ou de loisirs ?
Le capitalisme pandémique existait avant, il continue de faire des ravages. Si les citoyens lambda comme nous sont requis de prendre leurs responsabilités face à la COVID-19, alors il ne devrait pas y avoir de passe-droit ! Le gouvernement Legault a fait des erreurs dans la gestion de la pandémie, qu’il le reconnaisse, qu’il montre l’exemple, qu’il assume. H1N1, le SRAS étaient déjà passés par là ; l’alerte a été lancée entre janvier et mars 2020 ; les CHSLD étaient le maillon faible d’un système de santé déjà défaillant.
Aujourd’hui, plusieurs menaces pèsent sur nos vies, mais si votre porte-monnaie est le seul critère qui prévale dans votre existence, alors bonne chance, l’inflation de ces derniers mois n’est pas près de s’arrêter… Cela fait trop longtemps que nous avons oublié ce que signifie le bien commun ou l’intérêt public.