Zone d’intervention spéciale
Une carte inondation qui sème la discorde
dans l’Outaouais
Les représentants du gouvernement provincial ont été accueillis par de nombreux citoyens frustrés, lors des consultations publiques tenues sur la nouvelle carte de la zone d’intervention spéciale (ZIS) le 4 juillet.
À Gatineau, plus d’une centaine de citoyens ont fait connaître leurs craintes quant à la carte décrite comme étant « un travail de brouillon » par le député libéral de Pontiac, André Fortin.
« Ça n’a pas de bon sens. » , « C’est pas sérieux votre affaire. » et « Comment avez-vous tracé cette carte-là ? » sont des commentaires qui sont souvent ressortis de la part de plusieurs citoyens.
La réponse la plus populaire de la part des fonctionnaires représentant le gouvernement était : « Nous avons pris connaissance de votre situation et nous allons la communiquer aux autorités. », un manque de communication qui a irrité certains citoyens qui ont déclaré que la consultation était « un gaspillage de temps ».
Près de la moitié des résidents qui ont posé des questions n’étaient pas des gens qui ont été inondés, mais qui se retrouvaient tout de même en plein cœur de la ZIS.
Charles Masse, vice-président du Développement et des Opérations au Groupe Heafy, a réagi à la carte qui met en péril le projet de 60 millions de dollars de la compagnie, situé au 199, rue Laurier.
« Si vous croyez que notre terrain peut être inondé, ça veut dire que toute l’île de Hull serait inondée. Selon votre carte, ici, au Palais des Congrès, ce serait apparemment à risque d’être inondé. Ça n’a aucun sens. On a un projet résidentiel de 60 millions $ qui est en danger à cause de votre carte alors que la région a un grave problème de pénurie de logements. »
Le projet au 199, rue Laurier, tout comme le projet Zibi, aussi inclus dans la ZIS, se situe topographiquement à 23 pieds au-dessus du plus haut niveau des dernières inondations.
À l’heure actuelle, 80 % du projet Jubilee et plusieurs autres quartiers et résidences d’Aylmer se retrouvent aussi sur la carte sans jamais avoir été inondés.
Le maire de Gatineau, Maxime Pednaud-Jobin an quant à lui, voulu être rassurant en exprimant un certain optimisme quant à la situation, soutenant que la Ville allait faire tout en son pouvoir pour aider le gouvernement de la CAQ à rectifier leur carte.
« On leur a fait parvenir nos cartes et on travaille avec eux pour régler la situation. On leur a dit de nous avertir d’avance la prochaine fois, parce qu’on aurait pu faire tout ça plus tôt. Gatineau a des données très précises et une certaine expertise des dernières années, et le gouvernement devrait avoir le réflexe de nous appeler. Actuellement, ça n’a pas de bon sens. On est en train d’inquiéter des gens et de mettre en danger des projets importants. »
« Il y a des aberrations dans la carte actuelle, le gouvernement le reconnaît, les fonctionnaires qui sont là ce soir disent qu’il va y avoir des changements. On va regarder ça de très près et on va s’assurer que les corrections soient apportées. »
« J’ai des assurances du ministre Lacombe, du député Lévesque et du cabinet de madame Laforest qu’il va y avoir des corrections importantes et qu’ils reconnaissent qu’il y a des problèmes. »
Dans le Pontiac
Lors de la rencontre à Campbell’s Bay, plus tôt dans la journée, c’est plus de 400 citoyens qui ont complètement rempli une salle sans climatisation pour contester la carte. Celle-ci inclut plus de la moitié du territoire de la municipalité alors que seulement 15 résidences ont été inondées en 2019. Certains résidants n’ont même pas pu assister à la rencontre tellement la salle était pleine.
Fort-Coulonge se retrouve dans une situation semblable avec 200 résidences de sa communauté, sur une population totalisant environ 1 500 personnes ciblées sur la carte.
La municipalité de Waltham quant à elle se retrouve dans son ensemble en ZIS.
Le ministre responsable de l’Outaouais, Mathieu Lacombe, soutient que le gouvernement devait « agir rapidement » pour sortir la carte, et soutient que des modifications seront faites d’ici sa prochaine présentation le 15 juillet, une promesse qu’André Fortin a fortement remise en question :
« Le gouvernement a tellement fait un travail brouillon avec sa première carte, qu’on ne lui fait pas confiance à 100 % pour corriger les erreurs. Les gens ne comprennent pas comment le gouvernement peut, sans prendre en considération leur réalité, mettre sur pied un programme qui va affecter la valeur du plus grand investissement de leur vie. Après ça, il vient leur dire avant la consultation à Campbell’s Bay, qu’il va modifier la carte à la mi-juillet, avant de proposer un décret permanent avec une nouvelle carte. Ce que ça dit aux gens, c’est qu’ils ne pourront même pas la commenter avant que celle-ci devienne permanente. Si le gouvernement pense qu’il peut corriger ça en 11 jours et tenir comptedes résidences de chacune des personnes qui ont été touchées, j’en serai très surpris. »
Le décret officiel de la ZIS est plrévu pour la mi-août.
Dès l’adoption du décret instituant une zone d’intervention spéciale (ZIS), incluant toutes les zones jugées inondables cartographiées 0-20 ans, ou bien celles qui ont été inondées en 2017 ou en 2019, il sera interdit de construire et reconstruire sur ces terrains.
La réparation d’un bâtiment sera possible, si les travaux représentent moins de 50 % de la valeur de la propriété. S’ils représentent plus, les gens devront abandonner cette résidence, ont expliqué les représentants du gouvernement.
Les personnes concernées par le décret sont invitées à formuler leurs commentaires pour la réalisation de la version finale de la nouvelle cartographie. Elles auront jusqu’au 19 août 2019 pour les acheminer à l’adresse courriel zis2019@mamh.gouv.qc.ca.
La carte spécifiant la délimitation du périmètre de la zone d’intervention spéciale du territoire inondé au printemps 2017 et au printemps 2019 figure à l’adresse Web suivante: http://www.cehq.gouv.qc.ca/zones-inond/carto-zones-inondees-2017-2019.htm