Une vingtaine d’organismes demandent à la Ville de respecter ses engagements
À l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, le 5 juin dernier, la Fondation forêt Boucher et 22 autres organismes, dont 16 associations de résidents, ont interpellé la Ville de Gatineau dans une lettre ouverte pour lui demander de respecter les engagements de protection des milieux humides pris dans le schéma d’aménagement de 2015.
Alors que le schéma d’aménagement mentionne qu’aucune destruction des milieux humides ne serait permise dans les écoterritoires et les corridors verts, qui sont parmi les écosystèmes les plus importants à Gatineau, les signataires de la lettre s’inquiètent que cette mesure de protection n’ait pas été ajoutée dans la réglementation de la Ville. « Nous avons été surpris de constater l’absence de cette interdiction dans le règlement de zonage modifié, nous dit Marianne Strauss, directrice générale de la Fondation forêt Boucher. Quand nous avons demandé des explications à la Ville, à plusieurs reprises, nous avons obtenu une réponse qui a suscité beaucoup d’inquiétudes ». Dans ses réponses à l’organisme, la Ville de Gatineau mentionnait notamment que seul le gouvernement provincial avait le droit d’autoriser la destruction des milieux humides et de fixer le montant des compensations financières. L’organisme signale cependant que la question posée concernait la mention d’interdiction de destruction, et qu’il n’était pas question d’autorisation dans le schéma, et qu’il ne comprenait pas pourquoi « les réponses données par la Ville évitaient toujours le véritable enjeu ».
« Nous avons consulté le ministère de l’Environnement et un avocat du Centre québécois du droit de l’environnement, et leurs réponses étaient la même : une ville a le droit d’interdire la destruction des milieux humides en vertu de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme. En sachant cela, c’est sûr que nous comprenions encore moins pourquoi la Ville de Gatineau ne voulait pas le mettre dans sa règlementation, alors même qu’elle s’était engagée à le faire depuis 5 ans, et que la loi l’y autorisait, contrairement à ce qu’elle nous répétait », poursuit la directrice générale.
La Fondation forêt Boucher craint que l’absence de cette interdiction dans le règlement municipal n’entraîne de nombreuses demandes de remblais dans les milieux humides auprès du ministère. L’organisation souligne que la Ville pourrait pourtant assurer une protection complète et sans équivoque pour ces milieux naturels en se prévalant des pouvoirs prévus par la loi. « C’est la meilleure chose à faire plutôt que de laisser ça entre les mains de Québec! Il suffit de modifier le règlement de la Ville et on élimine complètement le risque de destruction. Des villes comme St-Lazare et Laval l’ont fait, alors pourquoi pas Gatineau? » questionne Marianne Strauss. « Il y a plusieurs quartiers à Aylmer où l’absence de cette règlementation pourrait avoir un impact sur le développement : dans la forêt Boucher, dans le quartier La Croisée, à Deschênes et même dans le Plateau. C’est un enjeu bien réel et j’ai envie de dire que, pour une fois, la solution est simple ».
La Fondation forêt Boucher mentionne que les consultations publiques sur le plan d’urbanisme des dernières semaines ont, de l’avis même des représentants de la Ville, mis en lumière la grande demande des citoyens pour la protection des milieux naturels de Gatineau. Selon les signataires de la lettre, respecter ce qui était prévu au schéma d’aménagement pour les écoterritoires et les corridors verts constitue un bon point de départ mais « Gatineau ne doit pas être en reste dans l’adoption d’une réglementation ambitieuse pour la protection de ses milieux humides », disent-ils. La Fondation forêt Boucher mentionne qu’il y a un écho positif de la Ville en lien avec les demandes et dit se réjouir que la Ville ait accepté de réexaminer sa position dans le dossier.