ÉDITORIAL
Vaccination : insupportable inégalité
Nous redevenons en quelque sorte égaux face à la maladie, sans que l’on puisse y faire grand-chose. Nous partageons aisément les virus, mais plus difficilement leurs traitements. Un vaccin en vue, et l’être humain dans toute sa splendeur réapparait.
Ainsi, l’accès aux vaccins en cette fin d’année 2020 va donner lieu à une belle et pitoyable foire d’empoigne. Certes, quelques questions taraudent l’opinion publique et donc nos gouvernements : quand le vaccin arrivera-t-il ? Comment sera-t-il distribué ? Optionnellement, à qui en premier ? Les conservateurs et le Bloc en profitent pour agiter des épouvantails, fondés sur de fausses informations, et cherchent à se faire du crédit politique. Politicaillerie partisane, alors que de vraies questions méritent d’être examinées. Le gouvernement Trudeau a fait ce qu’il fallait, compte tenu de l’incapacité canadienne à produire son propre vaccin. Le fait est que le Canada a le carnet de commandes le plus diversifié des pays riches, pour une commande totale de 427 millions de doses. Le Canada fait également partie de ces quelques pays qui constituent 13 % de la population mondiale, mais auront accès à plus de 50 % des doses de vaccin produites dans les mois qui viennent (Oxfam, 2020) ! Une honte!
Quant aux provinces, il semblerait que ce soit à elles d’organiser la campagne de vaccination ; elles qui ne cessent de réclamer qu’on respecte leurs prérogatives en matière de santé. Pas de quoi s’étonner donc. De toute façon, aucune de nos provinces ne sera prête avant janvier. Par conséquent, arrêtons de râler et passons à l’action ; estimons-nous plutôt heureux de l’avoir si vite, même si 39 % de la population déclare ne pas vouloir d’une vaccination obligatoire et les deux-tiers des répondants douter de l’efficacité du vaccin. Ce qui parait un peu hallucinant, vu les circonstances.
Que reproche-t-on habituellement à la vaccination, si l’on écarte les théories du complot fumeuses associant les nanotraceurs à Bill Gates et aux Chinois… ou aux Russes ? Les vaccins pourraient provoquer des maladies graves ; leurs effets secondaires seraient nombreux, sous-estimés et mal connus ; l’aluminium qu’ils contiennent serait nocif ; ils enrichiraient indûment les groupes pharmaceutiques ; les nourrissons seraient trop faibles pour les recevoir. D’abord, les calendriers vaccinaux sont étudiés en fonction de l’évolution du système immunitaire des plus petits, ils ont fait leurs preuves depuis longtemps ; évidemment que les labos font de l’argent avec cela, reste que les prix sont négociés avec les gouvernements ; aucune preuve ne vient soutenir que l’adjuvant qu’est l’aluminium soit nocif ; et pour le vaccin contre la CoVid-19 comme pour les autres maladies, les effets secondaires sont rares, et le plus souvent bénins (douleur à l’endroit de la piqûre, nausée, mal de tête, etc.). En réalité, les effets positifs contrebalancent largement les effets négatifs, surtout chez les populations à risque. Et enfin, non, il n’y a pas plus de maladies auto-immunes chez les vaccinés, consultez les études.
Ce procédé, pratiqué dans le monde arabo-musulman depuis le Moyen âge, et utilisé avec succès pour guérir la variole par ce docteur anglais (Édouard Jenner), à la fin du XVIIIe siècle, est une véritable révolution. Grâce à sa systématisation, il a permis de réduire drastiquement la plupart des maladies depuis, sauvant ainsi des centaines de millions d’êtres humains. Est-ce qu’on pourrait se le rappeler et le partager avec les pays en développement ?