LETTRE
---- Vers une économie résiliente et une fin de l’austérité ?
l’IRIS propose la « double boucle de l’économie résiliente » qui entend utiliser la capacité d’investissement de l’État pour amorcer une transformation économique. Guillaume Hébert, chercheur, invite les gouvernements à s’inspirer de la double boucle afin de simultanément mieux redistribuer la richesse et démocratiser l'économie tout en protégeant l'environnement. « En d’autres mots, il faut se détourner des logiques capitalistes qui créent des inégalités et appauvrissent les écosystèmes et entrer dans un cercle vertueux qui renforce une société plus juste et une économie plus soutenable. »
Les auteurs privilégient d’une part une nouvelle politique budgétaire et fiscale afin de mieux redistribuer la richesse et s’assurer que tous et toutes ont un niveau de vie leur permettant de s’épanouir. D’autre part, ils suggèrent un développement économique qui serve l’intérêt de la majorité plutôt qu’une minorité privilégiée. L’économiste Mathieu Dufour indique que « le nouveau mode économique s’appuie davantage sur le secteur public et la sphère non-marchande, c’est-à-dire l’économie sociale et solidaire, afin de réaliser la transition écologique dont l’absolue nécessité fait de plus en plus consensus.. On a vu qu'on a des ressources pour faire face aux crises, alors mobilisons-les pour transformer notre économie. »
M Dufour explique que « le dogme du déficit zéro est nuisible pour les finances publiques et la capacité de l'État de relancer l’économie. Quand l'État dépense, il stimule l’économie et se donne les moyens de s’attaquer aux problèmes sociaux et environnementaux actuels ». Par le passé, le recours à l’austérité pour assainir les finances publiques a été contre-productif puisqu’il a exacerbé les inégalités tout en étouffant l’activité économique.
Plusieurs observateurs s’entendent aujourd’hui à l’effet que des politiques d’austérité sont inadéquates à court terme. « Mais l’idée selon laquelle l’austérité doit nécessairement être appliquée plus tard est tout aussi néfaste, ajoute M Hébert. Il faut carrément changer l’horizon. Il faut dès maintenant utiliser les leviers de l’État pour repenser le fonctionnement de l’économie du Québec ».
Laurent Deslauriers, IRIS
Montréal